Quand je travaillais dans les réserves indiennes d’Amérique du Nord nous recevions de l’aide internationale : les enfants raffolaient de La Vache Qui Rit et les adultes Amérindiens n’hésitaient pas à le faire fondre sur leur fried bread traditionnel. Son goût relativement neutre et sa consistance molle en font un aliment apprécié de tous et plus facile en tout cas à avaler que la moutarde de Dijon dont on recevait des stocks inutilisables en Amérique. Je ne sais pas si elle a aujourd’hui valeur mémorielle chez les Indiens, j’en doute, mais pour nous, La Vache Qui Rit incarne l’ancêtre du fromage conservé. A ce titre, elle bénéficie d’une énorme confiance, chacun pense qu’elle existe depuis « toujours », que sa vieille recette se transmetde génération en génération et que nous ne faisons que rentrer dans la chaîne des nomades d’occasion qui prenons à l’assaut les falaises de Fontainebleau les dimanches de printemps.
La vache qui Rit incarne pour moi l’expression d’une société nomade à la fois réelle et imaginaire. A sa façon en effet elle pousse jusqu’au bout le pourquoi et le comment du transport d’un fromage. Tout comme chez les nomades traditionnels, je pense aux nomades des steppes hautement galactophages de chez qui nous vient outre le yogourt, les fromages durs ou semi dur comme la crème de gruyère, pâtes cuites transportables sur de longues distances dans des temps longs, on a transformé le lait en pâte pour mieux le transporter et le conserver durant ses déplacements. L’emballage très particulier de La Vache Qui Rit est incroyablement hermétique et résistant. Il est fait pour qu’on puisse l’emporter aussi bien au pôle Nord que sous les tropiques sans abimer son contenu. Que la Vache qui Rit soit née en occident n’est pas un hasard, on dirait qu’elle est fille de l’invention des vacances, en tout cas de ces premières grandes migrations qui ont accompagné la révolution des congés payés dans le mode de vie des européens. C’est ainsi qu’elle a permis qu’on puisse partir en vacances en train, en voiture, en vélo, à pieds avec une petite réserves de fromage parfaitement emballés qui ne craignait ni la chaleur, ni le sable ni l’eau des rivières ou de la mer, ni les jours qui passaient…
L’idée de la portion individuelle relève du génie. On peut enfin voyager sans incommoder les autres par l’odeur, sans créer d’injustice dans sa répartition au sein d’un groupe ou d’une famille. Quant à ceux qui disent ne pas aimer le fromage, la Vache qui Rit propose une pâte qui n’ a pas vraiment l’allure d’un fromage tel qu’on se l’imagine (elle manque indéniablement de rusticité !), ni le goût, mais dont on sait intimement qu’elle offre de réelles qualités nutritionnelles et qu’on peut même la manger, que dis-je sucer sans pain et sans vin !
Du point de vue de la symbolique et de la dimension ethnotechnologique de l’objet même, sa première expression est sans doute sa modernité. C’est la forme d’un bonbon hyper moderne qu’on n’a pas encore inventé ! La vache qui Rit dans sa boite bleue et ronde qu’on ouvre mécaniquement et très facilement grâce a un fil que l’on dessoude en quelque sorte, propose un design extrêmement moderne : des portions parfaitement carénées dans de l’aluminium. De plus elle brille au soleil et tombée a terre ne se confond pas avec l’herbe ni ne se salit, on la dirait même conçue pour jouer les bijoux en attendant qu’une « pie qui chante » ou un « maître corbeau B B vienne la voler sous notre nez… Voila pour son appartenance au monde contemporain. Collée sur chaque portion on trouve l’image d’un animal qui rit, pas un drapeau ni un paysage rustique. La Vache Qui Rit est d’une certaine façon apatride, elle est toutes les vaches du monde, une sorte de mère enjouée prête a nous nourrir tous en rigolant intérieurement de sa générosité et de sa profusion qu’elle sait sans borne ; en tout cas elle n’exprime ni la patrie ni un quelconque désir d’impérialisme régional franc-comtois ! Au contraire, dans la tête de chacun d’entre nous, outre la vie en société, en famille et dans la nostalgie d’une enfance lâchée dans la nature, elle est liée à une mythologie d’aide alimentaire, de nutrition saine et de partage.
La boîte de huit ou de vingt quatre véhicule de vraies valeurs communautaires, elle a pour but d’être distribuée collectivement et équitablement. C’est une véritable proposition démocratique.
La vache qui Rit incarne pour moi l’expression d’une société nomade à la fois réelle et imaginaire. A sa façon en effet elle pousse jusqu’au bout le pourquoi et le comment du transport d’un fromage. Tout comme chez les nomades traditionnels, je pense aux nomades des steppes hautement galactophages de chez qui nous vient outre le yogourt, les fromages durs ou semi dur comme la crème de gruyère, pâtes cuites transportables sur de longues distances dans des temps longs, on a transformé le lait en pâte pour mieux le transporter et le conserver durant ses déplacements. L’emballage très particulier de La Vache Qui Rit est incroyablement hermétique et résistant. Il est fait pour qu’on puisse l’emporter aussi bien au pôle Nord que sous les tropiques sans abimer son contenu. Que la Vache qui Rit soit née en occident n’est pas un hasard, on dirait qu’elle est fille de l’invention des vacances, en tout cas de ces premières grandes migrations qui ont accompagné la révolution des congés payés dans le mode de vie des européens. C’est ainsi qu’elle a permis qu’on puisse partir en vacances en train, en voiture, en vélo, à pieds avec une petite réserves de fromage parfaitement emballés qui ne craignait ni la chaleur, ni le sable ni l’eau des rivières ou de la mer, ni les jours qui passaient…
L’idée de la portion individuelle relève du génie. On peut enfin voyager sans incommoder les autres par l’odeur, sans créer d’injustice dans sa répartition au sein d’un groupe ou d’une famille. Quant à ceux qui disent ne pas aimer le fromage, la Vache qui Rit propose une pâte qui n’ a pas vraiment l’allure d’un fromage tel qu’on se l’imagine (elle manque indéniablement de rusticité !), ni le goût, mais dont on sait intimement qu’elle offre de réelles qualités nutritionnelles et qu’on peut même la manger, que dis-je sucer sans pain et sans vin !
Du point de vue de la symbolique et de la dimension ethnotechnologique de l’objet même, sa première expression est sans doute sa modernité. C’est la forme d’un bonbon hyper moderne qu’on n’a pas encore inventé ! La vache qui Rit dans sa boite bleue et ronde qu’on ouvre mécaniquement et très facilement grâce a un fil que l’on dessoude en quelque sorte, propose un design extrêmement moderne : des portions parfaitement carénées dans de l’aluminium. De plus elle brille au soleil et tombée a terre ne se confond pas avec l’herbe ni ne se salit, on la dirait même conçue pour jouer les bijoux en attendant qu’une « pie qui chante » ou un « maître corbeau B B vienne la voler sous notre nez… Voila pour son appartenance au monde contemporain. Collée sur chaque portion on trouve l’image d’un animal qui rit, pas un drapeau ni un paysage rustique. La Vache Qui Rit est d’une certaine façon apatride, elle est toutes les vaches du monde, une sorte de mère enjouée prête a nous nourrir tous en rigolant intérieurement de sa générosité et de sa profusion qu’elle sait sans borne ; en tout cas elle n’exprime ni la patrie ni un quelconque désir d’impérialisme régional franc-comtois ! Au contraire, dans la tête de chacun d’entre nous, outre la vie en société, en famille et dans la nostalgie d’une enfance lâchée dans la nature, elle est liée à une mythologie d’aide alimentaire, de nutrition saine et de partage.
La boîte de huit ou de vingt quatre véhicule de vraies valeurs communautaires, elle a pour but d’être distribuée collectivement et équitablement. C’est une véritable proposition démocratique.
1 commentaire:
La vache qui rit évoque pour moi...
la société de consommation, sa perte de goût et la profusion de gachît d'embalage (ici en alluminium, très toxique !)
mais rions, et avec un bon verre de coca sa devrait passer !
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