La littérature arabe érotique s’est voulue instructive et l’occident chrétien, au contact étroit de cette culture dès les Croisades, n’a pas manqué de s’en inspirer. Traités, contes et commentaires où les figures érotiques ont été revêtues du plus bel apparat et du plus grand luxe de détails ont forgé une esthétique qui n’a pas laissé dans l’indifférence les hommes et les femmes qui y ont découvert de nouvelles « techniques amoureuses » propres à améliorer leurs performances. Tout le monde sait que la jouissance du croyant sur Terre n’est que l’avant-goût de ce qui l’attend au Paradis d’Allah où la Jannah est avant tout un jardin des délices de la jouissance : amours, coït à profusion, dépucelages sans conséquences des Houris et bonne chair, l’Eden céleste est un enchantement absolu promis à tout croyant en un monde parfait, achevé, impeccable et inimitable…Voila pourquoi assure Bassam Saad « le coït est ainsi érigé en devoir, auquel appelle la foi et que le musulman croyant doit parfaire sa foi en le Nikah ». « Celui qui choisit la chasteté n’est pas des miens », a dit le Prophète qui avoue ailleurs : « Plus que tout, j’ai aimé, de votre monde, les femmes et les parfums… ». Nous dirons qu’une culture où la chasteté est considérée comme inutile et pernicieuse ne peut manquer d’humanité et, comme le disait une notoriété religieuse de premier plan, que dans cette histoire « …la femme est imparable ». Passons sur la vigueur inimitable, mais recommandable, du Prophète, sur sa stupéfaction devant la femme et sa beauté surtout si elle est vierge, sur toutes ses femmes, sur l’instauration de la polygamie, sa limitation à quatre, les jalousies et leurs antidotes pour en arriver au « Nikah » stricto sensu. Voila qu’il y a un « devoir de jouir », une recommandation aux frissons et aux spasmes comme sublimation même de l’être musulman. Tant pis si, dés que l’homme jette son regard sur une femme, il entre sous la voûte du pendable, le regard obstrué de cette dernière par un voile est là sinon pour prévenir, au mieux pour régler les émotions. Il y a d’ailleurs ce magnifique passage de l’allaitement d’un adulte qui transforme l’homme concupiscent qui, « pris au sein » sans le savoir, subit un rite d’adoption et se retrouve du coup considéré pour toujours par cette femme « comme l’un de ses enfants » et ainsi asexué. Voila pour la tétée, mais le sexe et ses appétences réciproques ne quittent pas la tête des humains et l’auteur de Al-Agnani , le fameux médecin Dananir, ne se prive pas de rappeler que sur l’éventail que Hamdouna agitait devant son visage était écrit : « L’appétence d’un vagin pour deux verges est plus urgent que celle d’une verge pour deux vagins…comme le besoin d’une meule pour deux mules… » Bref, avant l’entrée au paradis , la vie sur terre offre à toutes de réaliser copieusement le « sarclage de la branche » et à tous de connaître les délices de multiples promenades intimement baguées…Ainsi va l’érotisme dont Bassam Saad nous redit avec intelligence et brio qu’il est la seule foi terrienne inébranlable qui transcende religions et morales. (voir : Bassam A. Saad, « Copuler est ma loi, un érotisme arabe islamique », éditions de l’Aube, 2007, 558 pages)
mardi 8 avril 2008
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