mardi 1 avril 2008

Tout humain et toute humaine ont droit à la jouissance

Un homme de ma connaissance appartenant à une autre culture que la mienne a réuni une impressionnante collection de récits, d’anecdotes et de citations tirées de textes classiques des premiers siècles de l’Hégire (VIIe-XIIIe siècles), ainsi que de quelques dits et sentences tirés du Coran pour m’assurer que si le plaisir était considéré comme un devoir pour l’homme, il y a longtemps qu’il était un droit (bien caché mais ô combien utilisé !)) pour la femme. Partant du fameux « Nikah », fondateur et oh combien légal dans l’Islam – que certains exégètes traduisent comme étant l’expression d’un contrat de mariage et de copulation à durée indéterminée entre un homme et une ou plusieurs femmes - nous nous retrouvons très vite dans une histoire où les libertés amoureuses et sexuelles se sont toujours frayées un chemin au milieu des interdits et des tabous énoncés, selon les époques, avec plus ou moins de force.

Le Messager, m’a-t-on assuré, s’appuyant sur la grande connaissance qu’il avait des affaires féminines, aurait dit : « J’ai conféré à la femme, en plus qu’à l’homme, quatre-vingt-dix portions de plaisir, mais Allah l’a drapée de pudeur. »
En fait de pudeur, la mise en perspective de la sexualité s’inscrit comme une histoire d’héritage où, aux coutumes ancestrales, s’ajoutent de nouveaux principes auxquels la femme parfois se soumet, parfois se rebelle. Depuis longtemps dans l’ensemble du monde méditerranéen comme dans bien d’autres cultures dans le monde, il est connu que la femme « tient la maison » (et son homme), c'est-à-dire qu’elle gère l’intime et l’intimité, aussi les ruses inventées pour contourner les interdits et sublimer la sexualité du couple ne manquent pas, sachant que la recherche de la jouissance, quoi qu’on dise, est capable de faire de la sexualité un art aussi élevé que les plus belles architectures.

Bassam A. Saad dans Copuler est ma loi, sans faire les louanges du « Nikah » mais en y croyant comme une vertu nécessaire à toute vie dite humaine, nous emmène à sa suite hautement érudite, non pas sur les traces de « la ballade des débauchés », mais sur les sentiers de l’arsenal incontournable de la séduction qui rendent si beaux les amoureux. Al-Hobb disent les poètes, les doctes et les écrivains, « science » disent les Allamah, les savants, en d’autres termes « l’amour » vient coiffer toutes les tendances humaines où en un rapprochement entre deux entités sont impliqués, ceci aussi bien à travers les états d’âme de la passion que dans leur traduction physique, les désirs ardents du corps.

Les mots sont beaux et innombrables qui enguirlandent désirs et assouvissements : ‘Ishq', désir, 'Wala’h', obsession, 'Gholmah', volupté, 'Ach-Chawah', désir intégral, 'As-Sababah', désir aigu, 'Bah', 'Bad’h', 'Nikah' , coït intégral… Vocabulaire et figures sur lesquels nous reviendrons prochainement avec plus de détail.

A suivre...


(voir : Bassam A. Saad, « Copuler est ma loi, un érotisme arabe islamique », éditions de l’Aube, 2007, 558 pages)

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